En ces temps de confinement pour les uns et de routine pour les autres, le travail essentiel à notre subsistance ou survie se poursuit, les rapports au temps, à l’espace et aux autres se modifient. L’ordinaire du quotidien qui allait de soi et qui, par définition, n’appelait pas à réfléchir et à le questionner, nous interpelle soudainement. Ces changements sont multiples : la réorganisation de l’école à la maison, le réagencement des tâches domestiques, la proximité continue entre les sexes et les générations, le télétravail, le chômage forcé, l’obligation de continuer à faire vivre les siens malgré la restriction de mouvement, la redéfinition des solidarités de proximité que cela entraine, l’ébranlement des espaces intimes difficilement arrachés grâce au turnover des temps passés à l’intérieur et à l’extérieur par les cohabitants, l’affirmation ou la réaffirmation des rôles de genre, l’exacerbation des violences domestiques, la perturbation des espaces mentaux, l’inquiétude face à l’avenir, la perte soudaine de proches, etc. Qu’il s’agisse de l’expérience du confinement ou de l’expérience de la crise économique en train de se nouer inexorablement, l’épidémie du covid-19 donne à voir le social sous un jour nouveau.
Cette situation inédite qui nous interroge individuellement et collectivement nous a conduites à lancer un atelier d’observation, d’analyse et d’auto-analyse du confinement tel qu’il est vécu dans le monde arabe. L’objectif de cet atelier est de mettre en lumière la crise actuelle au prisme du genre mais aussi des autres grilles d’analyses telles que la classe, la race, l’ethnie, l’âge ou encore l’orientation sexuelle.
Nous invitons celles et ceux qui souhaitent se joindre à ce projet à nous envoyer le récit de leur propre expérience de confinement. Ces récits, entièrement libres quant au sujet, à la manière de le traiter et au support utilisé (écrit, enregistrement audio ou vidéo, photos, dessins, etc.), seront publiés dès à présent et au fur et à mesure de leur arrivée sur le site du GreGam (https://gregam.hypotheses.org/). Ces textes en arabe, français, anglais ou espagnol peuvent être anonymes, anonymisés à la demande des auteur.e.s ou écrits sous pseudonyme et sont à envoyer à l’adresse suivante : confinementmondearabe@gmail.com
Le Groupe de recherche et d’étude sur le Genre au Maroc (GREGaM) a été créé en 2006. C’est un réseau de recherche et d’études réunissant des chercheuses et chercheurs en sciences sociales travaillant sur des thématiques relatives au genre au Maroc. Ce groupe pluridisciplinaire réunit des sociologues, des anthropologues, des juristes, des politologues, des historiens et des géographes basés dans des universités marocaines ou européennes.
Équipe : Yasmine Berriane, Leïla Bouasria et Mériam Cheikh