Le 20 octobre 2023, le Conseil arabe pour les sciences sociales (CASS) a publié un communiqué condamnant le génocide perpétré par Israël contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. Aujourd’hui, le siège du CASS à Beyrouth témoigne d’une agression pareille contre le Liban, portant atteinte à la souveraineté et au peuple du pays. Les assassinats systématiques, les pilonnages et les bombardements aériens, terrestres et maritimes, ainsi que les engins explosifs ont coûté la vie à des milliers de personnes et ont occasionné des ravages considérables dans de vastes régions du pays.
Cette aggression israélienne écrasante s’accompagne de discours coloniaux prédominants dans plusieurs organismes de recherche et établissements universitaires à travers le monde. Dans ce contexte, le CASS condamne fermement les pratiques de violence physique et discursive interdépendantes, et invite les établissements universitaires de par le monde à mobiliser leurs contacts, leurs réseaux de relations, de même que leur influence morale et éthique pour mettre un terme à ces crimes de guerre et crimes contre l'humanité ainsi qu’au génocide sous toutes ses formes. Le CASS appelle également à l’activation des mécanismes relatifs à la responsabilité juridique internationale et à l’élargissement du boycottage des institutions, des universités et des centres de recherche israéliens.
En tant que représentant des communautés scientifiques arabes et sudistes, le CASS respecte les principes de la pensée indépendante et critique, et plaide pour la sauvegarde des libertés intellectuelles et académiques, les considérant commes des conditions préalables à la production de connaissances au service de l'humanité. Ainsi, ce communiqué du CASS s'aligne avec la boussole éthique et morale qui guide ses travaux sur la voie de la production de connaissances critiques si nécessaires pour notre région et pour l’humanité. En notre qualité de communauté scientifique arabe, nous sommes résolus à produire les connaissances efficaces dont se servent les personnes marginalisées et opprimées du monde.
Depuis plus d’une décennie, le CASS est confronté à des conditions régionales difficiles, ce qui souligne la nécessité d'agir de toute urgence. Il s’agit notamment de la nécessité d’aprofondir un questionnement quant aux fondements critiques et épistémiques des concepts théoriques et des orientations analytiques portant sur le droit de résister à l'occupation, de faire régner la justice entre tous les peuples, et de faire respecter le droit international humanitaire, sans céder au deux poids deux mesures ni porter atteinte ou accorder la priorité à une certaine humanité au détriment d’une autre.
Nous saisissons cette occasion pour réaffirmer notre engagement incessant et déterminé qui préconise de mettre fin à la colonisation du savoir qui aggrave l’oppression coloniale. Nous souhaitons affirmer la nécessité d’accorder la plus grande attention aux modalités de production de connaissances humanistes libres et critiques.
En conclusion, le CASS affirme qu’il continuera le travail qu’il a entamé en 2011, depuis son siègeàBeyrouth, au sein d'un environnement qui respecte et garantit la liberté académique. Il poursuivra en outre sa mission et son rôle, au niveau régional et global, ainsi que ses responsabilités envers la communauté scientifique au sein et au-delà du monde arabe, pour ce qui est de la production de connaissances, même dans les moments les plus sombres et les plus violents.