APPEL A CANDIDATURES
Chercheur doctorant en sciences politiques/relations internationales/économie politique/sociologie du Monde Arabe
Dans le cadre de la mise en oeuvre du programme « Wafaw » (When Authoritarianism Fails in the Arab World) financé par le Conseil européen de la recherche (ERC septembre 2013 – septembre 2017), le CNRS procède au 1er septembre 2014 au recrutement d’un chercheur (doctorant), inscrit en programme de doctorat dans une discipline pertinente (sociologie, science politique, relations internationales, économie politique, anthropologie) dans une université européenne pour une durée d’un an renouvelable deux fois.
Dans le cadre du même programme, le CNRS procède par ailleurs au recrutement d’un chercheur post-doctorant au 1er octobre 2014 pour une durée d’une année.
Les deux chercheurs seront affectés à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM – UMR 7310 – Aix-en-Provence) d’où le programme est géré. Les conditions de rémunération sont celles fixées par les grilles de salaire du CNRS pour les recrutements de ce type.
Résumé du projet
La problématique du programme et l’équipe de recherche qui, à l’initiative de François Burgat, assisté de Laurent Bonnefoy, ont contribué à la formuler, sont présentés sur le site WAFAW.
Mobiliser, en les adaptant chaque fois que nécessaire, les méthodes et les concepts des sciences sociales pour rendre compte des profonds changements initiés par le “printemps arabe” : tel est l’objectif que François Burgat, porteur du projet, et l’équipe multidisciplinaire de chercheurs qu’il a formée, se sont fixés dans le cadre du projet WAFAW. Depuis décembre 2010, les vagues de protestation qui émanent des sociétés du monde arabe laissent entrevoir, plus sérieusement que par le passé, la possibilité réelle d’une sortie de la longue période d’autoritarisme qui caractérisait la région. Les mobilisations protestataires ont affecté directement (en Tunisie, Egypte, Libye, Syrie, au Yémen et au Bahreïn) ou indirectement ne serait-ce que par anticipation (en Arabie Saoudite, au Maroc, en Palestine) les fondements de tous les systèmes politiques de la région – et continuent de le faire. Dans chaque pays, cette accélération de l’histoire génère de nouvelles pratiques et de nouveaux acteurs qui opèrent au sein de coalitions et d’alliances socio-politiques spectaculairement reconfigurées. Ces transformations des arènes politiques nationales contribuent sans surprise à remodeler les équilibres régionaux, ce qui ne manque pas d’avoir de plusieurs manières une effet certain sur les relations entre l’Union européenne et le monde arabe (auquel il faut ajouter la Turquie et l’Iran), en modifiant, notamment mais pas seulement, l’importance et la qualité des flux migratoires à terme.
Les événements des deux dernières années confortent la centralité des thématiques que le programme WAFAW, retenu en octobre 2012 par l’ERC, s’était donné comme objectif d’approfondir dès avril 2011 lorsque le projet avait été soumis une première fois. Ils confirment tout autant la pertinence des hypothèses et des problématiques que l’équipe de recherche a mises en avant dans ses travaux passés : l’importance des changements structurels sur les scènes politiques bien sûr, les transformations graduelles des relations euro-méditerranéennes mais également et tout particulièrement, la centralité des mouvements islamistes dans les nouvelles configurations.
Le programme WAFAW se caractérise en effet par une volonté particulière d’analyser les événements en cours à la lumière des débats sur l’interprétation des différentes expressions du phénomène islamiste, notamment en ce qui concerne ses liens avec l’autoritarisme et les différentes dynamiques de modernisation politique.
Sur les scènes politiques arabes, les dynamiques en cours participent à l’émergence de nouveaux acteurs. Elles nourrissent de spectaculaires changements de stratégies : alors que le profil d’une possible “génération Twitter”, sans doute surévaluée, reste à établir, les anciens partis au pouvoir sont désormais partagés entre des logiques de contre-révolution et des efforts réalistes de réforme alors que les salafis s’engagent de plus en plus directement dans la sphère politique. Aux commandes d’un appareil d’Etat qu’ils sont encore loin de maitriser, les courants islamistes sont confrontés, pour leur part, aux multiples exigences d’un exercice du pouvoir auquel ils étaient généralement peu préparés. Ils doivent le faire dans une conjoncture économique particulièrement dégradée, qui donne un regain d’actualité aux rhétoriques sociales de la gauche et une pertinence particulière aux tentatives de reprise en main par les partisans des anciens partis dominants qui ont conservé de nombreux leviers internes ou internationaux. Sur la scène internationale, la meilleure prise en compte, par des dirigeants élus, des certaines aspirations nationalistes de leurs populations contribue à les mettre plus systématiquement en tension avec leurs partenaires occidentaux. Le rôle régional croissant que jouent les diplomaties turque et qatarienne, particulièrement dans le contexte de la crise syrienne, d’une part, et la remise en question des fondements de la politique régionale de Téhéran et de ses alliés libanais, d’autre part, constituent autant de développements qui annoncent un changement profond des relations internationales de la région et qui méritent d’être analysés de près. Il en va de même, au-delà des relations inter-étatiques, de plusieurs dynamiques atypiques qui naissent à peine, comme les mutations qui affectent les échanges migratoires, l’évolution du statut symbolique des Européens d’origine arabe, les amorces d’inversement des logiques nord-sud d’investissement économique.
CONDITIONS ET PROCÉDURE DE RECRUTEMENT
Qualifications et exigences :
- Les chercheurs sont recrutés sans condition de nationalité. Une préférence sera accordée aux candidats ayant une expérience de terrain confirmée et qui sont opérationnels dans les trois langues de travail du programme (français, arabe et anglais).
- Les candidats retenus s’engagent à penser et à mettre en œuvre leur effort dans le cadre collectif d’une équipe avec laquelle ils ont vocation à interagir étroitement. Les deux chercheurs travailleront, en coordination avec son directeur de thèse le cas échéant, avec la direction scientifique du programme et des deux responsables scientifiques des laboratoires concernés (Laurent Bonnefoy pour le CERI et Myriam Catusse pour l’Ifpo).
- Leur rémunération par le programme implique qu’ils contribuent activement (en marge de leur recherche qui demeure leur occupation prioritaire) à la préparation des rencontres scientifiques et des publications collectives du programme et à développer pour ce faire des collaborations avec les individus et les institutions de leur aire de recherche. Ils s’engagent explicitement à participer dans le respect strict des délais imposés à la rédaction de leur rapport d’activité et à répondre de la même manière aux sollicitations administratives, parfois ingrates, inhérentes aux modalités de contrôle individuel ou collectif qu’exerce l’ERC (feuilles de temps en particulier) sur les chercheurs qu’il finance.
CALENDRIER
Les candidatures devront être soumises avant le 20 juin 2014 et comprendre :
- un CV détaillé,
- une lettre de motivation (6-7 pages) exposant la thématique que le candidat souhaite traiter et les moyens théoriques, méthodologiques et matériels, ainsi que les partenariats qu’il entend mobiliser pour ce faire,
- un exemplaire du mémoire de recherche (doctorant) ou de la thèse (post-doctorant) ainsi que ses publications les plus significatives,
- deux lettres de recommandation maximum.
Les candidatures doivent être adressées sous format PDF à François Burgat (francoisburgat73@gmail.com), Laurent Bonnefoy (salaam@wanadoo.fr) et Layla Khalaf (khalaf.layla@gmail.com)
Une pré-sélection sera opérée en vue d’une audition à Paris ou par téléphone le 27 juin 2014.