L'Afrique, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord: les paradoxes des transformations contemporaines
Juin 23-25, 2020, Ifrane, Maroc
La date limite de soumission des communications et des panels est le 9 decembre 2019
L’Afrique ainsi que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (ces derniers connus en Anglais comme la région MENA) ont souvent attiré l’attention des chercheurs en études internationales, aussi bien sur les questions politiques qu’économiques et sociales. Sur le plan politique, les pays des deux régions ont connu des changements rapides et dans certains cas les effets étaient durables. Depuis la chute du régime de l’apartheid jusqu’à ce qui est communément connu comme le printemps arabe, des régimes ont changé, des élections ont été organisées, des réformes ont été adoptées et la vie des individus a été touchée, de manière aussi bien positive que négative. Sur le plan politique, les conflits inter et intra-étatiques ont affecté la vie d’un nombre important de personnes dans les deux régions et ont attiré l’attention et mobilisé les ressources internationales, y compris sous forme d’interventions internationales, notamment à travers des opérations de maintien de la paix menées par des organisations internationales et régionales. Les conflits ont aussi contribué à l’accentuation du phénomène migratoire avec des dimensions multiples. Enfin, certains conflits et rivalités prolongés ont eu un effet durable aussi bien sur les relations intrarégionales en Afrique et dans la région MENA, que sur les relations internationales et les processus de construction d’états locaux qui ont contribué à la prolifération d’acteurs non étatiques et militants.
En ce qui concerne les dimensions économiques et sociales, nous observons des similitudes dans les différentes formes de transformation, avec quelques variations régionales significatives dans la direction et l’ampleur de ces transformations. Bien que les sociétés africaines et les pays MENA aient connu des transformations socio-économiques et politiques majeures depuis la période de décolonisation, des faiblesses structurelles en matière de développement persistent ; Celles-ci se résument en une croissance volatile, la migration, la pauvreté, l'urbanisme mal géré, l'exclusion sociale et les différentes formes d’inégalités, y compris les inégalités de genre et le chômage des jeunes. Parmi les facteurs importants qui ont limité le potentiel local et accentué les contradictions inhérentes à ces sociétés, nous pouvons citer la persistance de régimes autoritaires, l'introduction des modèles de développement économique néolibéraux et les pressions d'acteurs extérieurs, en particulier des anciennes puissances coloniales. Par conséquent, le succès réel rencontré par quelques pays des deux régions ne peut en aucun cas être généralisé. En effet, alors que certaines sous-régions de la région MENA présentent une richesse qui se traduit par des fonds souverains importants, d’autres pays de la même région présentent de profondes poches de pauvreté. Dans le continent africain, les progrès économiques significatifs réalisés par certains états (mesurés par leur indice de développement humain ainsi que par la croissance de leur PIB) doivent être confrontés aux réalités sociales, aux difficultés de la vaste majorité de la population et au phénomène migratoire, des réalités qui reflètent des contrastes évidents que nous devons prendre en considération dans nos analyse sur la région. En effet, le flux de migration au sein même du continent se trouve être le plus important, bien plus que la migration vers l’extérieur, en particulier vers l’Europe.
Enfin, d’un point de vue historique les relations de pouvoir avec l’Europe et l’occident ont systématiquement abouti à des résultats différents avec de nombreuses possibilités de protection et d’alliances et des contraintes pour l’indépendance et l’autonomie des acteurs locaux. Ces relations complexes ont eu des effets distincts sur la gouvernance et les relations entre l'état et la société. Plus récemment, la présence accrue de la Chine dans la région MENA et en Afrique a généré d’intenses débats autour de sa nouveauté stratégique et de sa contribution aux besoins locaux. En résumé, la confluence et la divergence des schémas ci-dessus offrent des éléments pertinents et opportuns pour élargir notre connaissance dans ces domaines, plus généralement dans les pays du Sud/Global South, et étendre les programmes de recherche disciplinaires pertinents.
Notre conférence a pour objectif d’interroger la manière dont l’Afrique et la région MENA ont été étudiées dans le domaine interdisciplinaire des études internationales. Les variations, exprimées ci-dessus au sein de l'Afrique et de la région MENA en tant que zones géographiques, compliquent la manière dont elles sont - et pourraient être - étudiées. Nous sommes particulièrement intéressés à soulever les débats disciplinaires avec une nouvelle analyse aussi bien autour des données empiriques locales que sur des liens locaux-internationaux. Par exemple, à quoi s'intéresse le monde académique dans cette région? Comment les chercheurs locaux comprennent-ils les principales catégories ontologiques telles que l'état, le concept de « international » et, par nécessité, la souveraineté ? Comment les cadres théoriques développés localement se situent-ils par rapport aux débats mondiaux au niveau global ? Qu'est-ce que le domaine ou la discipline des relations internationales (RI) (IR), en particulier, peut apprendre des débats et des idées locaux? Quels sont les facteurs qui peuvent faciliter ou limiter la généralisation à partir de connaissances produites localement? En outre, en quoi les récents débats théoriques liés à la politique internationale ont-ils affecté les travaux de spécialistes réalisés en Afrique et dans la région MENA? Quels espaces permettent les contributions en provenance des pays du Sud/Global South qui pourraient contribuer d’une manière significative aux débats théoriques affectant l’Afrique et la région MENA ? Quelle est la pertinence d'analyser ces zones à partir des prismes des zones de paix et des zones de stabilité, par opposition aux zones de guerre? Que peuvent nous dire les catégories d'états faibles ou fragiles sur l'influence de la société, les modèles -idéaux- westphaliens d'états, ainsi que sur l’héritage ainsi que le contrôle colonial ? Ou bien encore, comment l'analyse des relations internationales des deux régions explique-t-elle la prolifération de divers acteurs non étatiques? Enfin, comment la transformation de la politique mondiale affecte-t-elle les politiques régionales et nationales en Afrique et dans la région MENA ? Comment les politiques en Afrique et dans la région MENA affectent-elles les agendas politiques et économiques internationaux?
Nous encourageons par ailleurs les propositions qui ne se concentrent pas spécifiquement sur ces questions thématiques. Toutefois, ces propositions devraient avoir un large attrait et seront évaluées au moins en partie pour déterminer comment elles complètent les autres propositions présentées.
Veuillez également noter que la conférence sera multilingue, les participants pouvant soumettre des communications et des propositions de tables rondes en arabe, anglais et français; cela signifie également que les présentations peuvent également être effectuées dans ces langues. Cependant, toutes les activités de communication et d'organisation ne se feront qu'en anglais, qui est la langue officielle de l'ISA.